On l’attendait, on l’attendait, la fibre Internet, et enfin, ça y est la fibre est installée. Un tout petit câble, de quelques millimètres de diamètre, passé dans les gaines de la maison, branché sur la prise téléphonique, et hop, Internet est là. Smartphone, tablette, ordinateur portable, toute ce qui fonctionne en wi-fi peut désormais profiter du web, en toute liberté.
Et ce n’est pas rien, la fibre. Rapide, peut-être pas autant que ce que l’on imaginait, mais incroyable quand même : Nous avons communiqué par Skype et avons été bluffés par la qualité de l’image. Et télécharger un film ou ce que l’on veut se fait en un tournemain. De quoi regretter de ne pas habiter sur l’île, nous qui sommes habitués, dans notre village « hors-les-murs » de Vannes, à un internet poussif, qui n’a d’ADSL que le nom.
Proposer ou pas internet à la Maison Bleue était un vrai débat. Fallait-il répondre à la demande implicite des vacanciers, fallait-il s’inscrite dans l’air du temps et proposer des séjours sur une île certes, mais une île branchée, reliée à tout ce qui fait notre quotidien connecté. Ou valait-il mieux jouer la carte du retour aux sources, des vacances débranchées, loin des ondes et du monde, des slow-holidays en quelque sorte?
Nous avons longtemps estimé que d’une certaine façon c’était presque un luxe de pouvoir s’extraire de la quasi-dictature du tout internet, de jouer les Robinsons du Net sur l’Ile aux Moines en toute impunité. Je n’en avais pas fait un argument, mais je voyais des parents heureux de savoir que leurs ados auraient tout le temps d’aller à la pêche, de faire du vélo, du bateau ou de plonger dans l’eau sans penser à leur console, leur compte Facebook ou Snapchat. Je voyais des adultes soulagés de lâcher prise de leur travail avec une bonne excuse. « Il n’y a pas internet, je ne suis pas joignable… »
Mais l’air du temps nous rattrape, inexorablement et les vacanciers mettent de plus en plus souvent l’accès internet comme une condition au choix d’une location. « Si je n’ai pas internet, je ne peux pas partir » ai-je entendu fréquemment; La pression du travail, du réseau social, se fait sentir un peu plus chaque année. Les mailles du web se resserrent autour de nous et nous n’arrivons plus à nous extraire de la toile.
Alors, le grand chantier de la fibre lancé cette année à l’Ile aux Moines, pour surprenant qu’il soit (pourquoi les îles du Golfe?) a été l’occasion de choisir. Puisqu’Internet il y avait, la fibre ce serait. Et évidemment, c’est génial. Je me dis qu’ainsi, la Maison Bleue est désormais ouverte à tous : ceux qui doivent gérer leurs affaires à distance et pour qui internet est vital, ceux qui ne conçoivent pas de se débrancher, pour qui la vie sans leurs réseaux sociaux n’est pas envisageable, ceux qui vont enfin profiter des vacances pour surfer, un peu entre deux balades, ou passionnément.
Et ceux qui n’en veulent pas, ceux qui rêvent de vivre en toute déconnection sont parfaitement libres de débrancher la box et de dire : « Je suis en VA-CAN-CES ! «
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